Algérie
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L’injustice et les péchés
Ont bien fini par vous plaire
Où est l’espoir du passé?
N’aimez-vous pas la lumière? [...]
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Le quatrain
de cette chanson écrite en 1991 est un constat.
C’est l’évocation du drame algérien dont le peuple paie le prix fort, celui de
la vie. Le peuple algérien mène une véritable lutte pour la survie de sa
culture, de son identité amazighe, pour la démocratie et la liberté, mais aussi
et surtout pour un avenir meilleur.
Même les oiseaux migrateurs
Reviennent toujours vers leurs nids
Que devient le voyageur?
Quand il est loin de chez lui. [...]
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Thème cher à
Brahim Saci, l’exil qui s’impose comme inéluctable, mais avec un espoir de
retour. Brahim Saci pose une question et attend des réponses. Normalement, qui
dit voyage sous-entend un retour. Le poète regrette que les émigrés ne soient
pas comme les oiseaux migrateurs. La métaphore " oiseaux migrateurs "
nous montre que cet exil n’est supporté que pour mieux revenir à ses origines.
En effet, les hommes tels les oiseaux migrateurs partent pour pouvoir vivre
mieux et reviennent une fois que ce qui était recherché est atteint. Brahim
Saci regrette cette époque où l’homme partait pour revenir vers ses racines.
J’ai vu bien des pays
Mais nul n’égale ta beauté
O soleil de l’Algérie!
Lève-toi, ô liberté! [...]
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La
répétition de l’interjection littéraire " ô " dans ce quatrain marque
l’intensité de l’émotion et de l’espérance que suscite l’Algérie. Louée pour sa
beauté et l’espoir d’y retrouver un jour la liberté. Souffrance et nostalgie de
l’éloignement, idéalisation du pays natal.
Même le soleil dans le ciel
Se couche quand arrive le soir
Même la pluie et la grêle
N’effaceront pas la mémoire. [...]
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On ne peut
lutter contre le destin. La vérité finit toujours par surgir même au prix de
lourds sacrifices. Il y a dans ce quatrain évocation de plusieurs éléments qui
composent le temps, " la pluie, la grêle, le soleil ", et même si
l’obscurité finit par vaincre la lumière et que les éléments se déchaînent
contre la liberté, ici à fin d’effacer la Mémoire et l’identité amazighe,
l’espoir reste plus fort.
J’ai peur pour ceux qui oublient
Et veulent changer de visage
Si l’argent change leurs vies
C’est avec qu’ils font naufrage. [...]
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On ne peut
pas changer qui l’on est ni d’où l’on vient,quels que soient les moyens. Le
déracinement guette, on finit par en payer le prix. L’argent et le matérialisme
peuvent corrompre et tout détruire, et par là-même amener à la déroute et
plonger le monde dans les ténèbres. Le naufrage est la fin de tout, on sombre.
Brahim Saci a peur, il sait que le temps et l’oubli sont des ennemis
redoutables. Il sait qu’il n’est qu’un observateur, qu’il ne peut que constater
et qu’il ne peut rien y faire, à part dénoncer. Comme chez Baudelaire le temps
est vu comme un ennemi contre lequel le poète est impuissant.
Le déclin des jours
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Abandonné sur les chemins de l’exil
Seul dans la triste ville
Déjà trente ans et je n’ai point d’abri.Loin de chez soi rien n’est facile
S’égare l’existence fragile
Et ma jeunesse s’éteint dans Paris [...]
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Si le poète
aspire à l’universalité, il a en même temps l’impression d’être de nulle part.
L’exil intérieur du poète est une manière de se fuir soi-même, mais cette fuite
là semble impossible. L’âme du poète est en exil en permanence. Ce thème
récurrent chez Brahim Saci l’est aussi chez Charles Baudelaire. Quels que
soient ses origines et le lieu où il vit, le poète est un écorché vif, qui voit
passer le temps et le subit, d’où la corrélation entre le terme " exil
" et le terme " point d’abri ". En plus d’être exilé de par sa
nature de poète, Brahim Saci l’est aussi car il vit loin du pays qui l’a vu
naître, ce qui rend sa vie encore moins " facile " et " fragile
". Il fait allusion à la temporalité des choses, il assiste impuissant à
la jeunesse qui " s’éteint ", avec elle part la lumière.
Trente années s’écoulent déjà
Je suis comme ces feuilles d’Automne
Le vent souffle derrière mes pas
Devant c’est l’orage qui tonne. [...]
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L’Automne
est une saison qui succède à l’été et précède l’hiver, caractérisée par le
déclin des jours, la chute des feuilles, saison du spleen, saison des poètes,
thème cher à Baudelaire. Comme la mort nul ne peut échapper à la mélancolie,
aux angoisses de l’existence. Brahim Saci évoque sa solitude dans la ville et
ses foules et le choc du déracinement. L’Automne est le symbole du passage d’un
monde à un autre, on pourrait presque dire de la vie à la mort. L’âme du poète
est en errance entre le monde réel et le monde imaginaire, comme un observateur
hors du temps, témoin privilégié de ce qui guette l’humanité et de ce qu’elle
ne soupçonne pas. Le vent souffle et menace d’effacer les traces du poète.
C’est aussi une allusion à son identité amazighe qui lutte pour sa survie,
l’avenir s’annonce orageux, non sans sacrifice. Dans ce quatrain nous avons des
éléments annonciateurs d’une tempête, " vent ", " orage ".
Et moi qui marche haletant
Tant le feu dévore mon âme
Comme celui qui sème le vent
Un vent qui attise mes flammes. [...]
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Le fardeau
de l’existence est lourd à porter. Le " feu " évoqué ici pourrait
être comme un feu intérieur qui dévorerait tout sur son passage. Le feu est
aussi un symbole de purification et de création. C’est lui qui permet à Brahim
Saci de rester pur pour pouvoir voir et comprendre les choses, mais c’est
surtout le feu intérieur qui le consume qui le pousse à la création. Il
alimente d’ailleurs lui-même ce feu intérieur en cultivant la souffrance qui
est souvent à la base de toute création artistique. Le feu est bien une force
créatrice pour le poète, tout comme il le fut pour Apollinaire (1880-1918) et
Baudelaire.
Le triste exil qui nous guette
Il nous gifle il nous opprime
Je ne chante pas pour la fête
C’est du feu que naissent mes rimes. [...]
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Ici il ne
s’agit plus d’exil intérieur, Brahim Saci fait allusion au drame algérien.
Celui-ci semble ne laisser entrevoir qu’une porte vers un " triste exil
". Mais fuir la terreur pour retrouver loin de chez soi l’humiliation est
une autre forme d’oppression. Les divertissements sont sans effet sur le poète.
Brahim Saci sait que la poésie est l’une des réponses à la vie, entre espérance
et désespoir. Nous avons encore ici évoqué le feu destructeur qui devient
purificateur et créateur. Les rimes naissent du feu.
François Villon (1431-1463) écrivait: " Au retour de dures prisons où j’ai
laissé presque la vie. "
Paul Eluard (1895-1952) écrivait: " J’aurais bientôt perdu mon apparence,
je suis en terre au lieu d’être sur terre, mon coeur gâché vole avec la
poussière. "
Voltaire (1694-1778) écrivait: " Si l’homme a des tyrans, il les doit
détrôner. "
Le printemps m’a délaissé
Ca y est les feuilles sont tombées
O course folle des années!
Ca y est les fleurs sont fanées. [...]
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La jeunesse
s’en est allée, le symbolisme de l’Automne est ici une façon d’évoquer la mort.
La vie prendrait-elle fin lorsque la jeunesse s’en va ? Il y a là une vision
pessimiste de la vie, on devine la tragédie de l’existence avec la fuite du
temps.
O mes rêves vastes abîmes!
O rêves qu’on ne peut saisir!
Fugitive jeunesse sublime
Saison qu’on ne peut tenir. [...]
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Le désespoir
guette ici le poète et il le plonge dans le néant. Il semblerait même que les
rêves ne soient liés qu’à la jeunesse. On pourrait établir un parallélisme
entre " les rêves " et " la jeunesse ", en effet, tous deux
sont insaisissables et on passe notre vie à les poursuivre et à tenter de les
rattraper sans y parvenir. La jeunesse ne serait-elle qu’un rêve?
" Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus " écrira Marcel
Proust (1871-1922).
La désillusion
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Mon esprit veut s’envoler
Mais mon coeur est prisonnier
Même si je ris quelques fois.Certains qui m’écoutent chanter
Des fois se plaisent à danser
Oublient le son de ma voix. [...]
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Quand le
poète chante, sa mélancolie s’exprime à travers ses textes et la mélodie. Seuls
les êtres à la sensibilité profonde le comprennent. Seul dans la ville et parmi
les gens, le poète, est un incompris que le désespoir envahit. Le poids des
souffrances nécessaires à la créativité du poète lui pèse car il perçoit trop
bien la réalité. Témoin privilégié de l’époque, du temps qui passe
inexorablement, le poète voit mieux que quiconque la mort et la jeunesse
emportée. Ainsi il cherche à s’évader au travers des mots qu’il écrit, mais en
vain car même si la joie et l’espoir sont présents, c’est bien souvent le
désespoir et la souffrance qui l’emportent. L’emploi de mots comme "
danser " ou " ris " l’est dans une nuance telle qu'il marque
bien le contraste avec les sentiments profonds du poète qui est en ce bas-monde
pour rappeler à l’humanité que tout n’est pas joie et bonheur. Prisonnier de
ses sentiments, le poète n’en oublie pas moins la gaieté qu’il peut apporter au
monde. Cependant, il nous démontre que rien n’est plus fort que les mots et la
voix, sauf pour ceux qui ne savent pas écouter.
Après l’Université
Comme l’enfant qui croit gagner
Je me retrouve parmi les loups.Le vent commence à souffler
Et moi je suis emporté
Je me retrouve je ne sais où. [...]
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La Vérité
est bafouée, et le poète nous fait bien comprendre que l’époque a choisi le
mensonge. C’est peut-être pour lui le pire des vices car il fait perdre la
raison. Le mensonge ne peut mener qu’au mensonge et cette lutte pour la vérité
ne peut se faire sans peine et sans souffrance. Les gens épris de liberté et de
vérité se retrouvent souvent mis au ban de la société. Malgré des études
universitaires, une intelligence certaine et la quasi-certitude de pouvoir se
sortir des pièges de la vie, Brahim Saci réalise à quel point les hommes
peuvent être pervers et cruels dans leurs comportements qu’il qualifie même de
bestiaux, " loups ". Le loup est un prédateur qui chasse en meute, il
faut faire partie de la meute si l’on veut s’en sortir. Le ciel du poète se
couvre et le vent se lève, entraîné par la puissance des éléments, Brahim Saci
même s’il ne sait où tout cela va le mener ne peut que subir son destin. Le
poète constate que la grandeur devient un obstacle, la noblesse de l’esprit
tombe en dérision. Inaptitude du poète à se mouvoir dans ce bas-monde. Brahim
Saci exprime un mal métaphysique qui touche à la condition humaine. Si Mohand
ou Mhand (1848-1906), Slimane Azem, Dostoïevski (1821-1881), Camus (1913-1960),
Sartre (1905-1980), Steinbeck (1902-1968), Fitzgerald (1896-1940) nous ont
apporté leur vision d’une humanité tourmentée dans un monde absurde.
Comme le vagabond des rues
Qui arpente les avenues
On s’écarte à son passage.Moi, comme un enfant perdu
Toutes les rivières en crues
M’emportent dans leurs sillages. [...]
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Le poète est
avant tout un bohème, puisqu’incompris. On a dans ces tercets le sentiment que
le poète est fui par ses contemporains. Il est bien connu que ce qu’on ne
comprend pas fait peur et que les gens fuient le poète comme le plus grand de
tous les maux. Malgré son besoin de solitude parmi les foules, le poète se retrouve
désemparé face à cette situation. Ainsi il est comme un enfant perdu, déraciné,
qui ne peut échapper à son destin. Même les éléments de la nature se déchaînent
contre lui. L’eau symbole de pureté est ici dénaturée, en effet, " les
rivières en crues " amènent une eau qui n’est plus ni limpide ni claire
mais au contraire boueuse. Si celle-ci est devenue comme cela c’est par la
faute du mensonge et de l’intolérance, ennemis de toute transparence et pureté.
Seuls les souvenirs nous blessent
Toutes les blessures de jeunesse
Celles qu’on ne peut oublier.La vie passe et nous délaisse
Dans les regrets elle nous laisse
Et les souffrances du passé. [...]
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Le poète est
impuissant devant le temps qui passe. Il sait qu’il ne peut se détacher de ce
passé qui le fait souffrir. Le poète erre dans les méandres des souvenirs de
jeunesse, l’apaisement est rare. Il y a comme une volonté de vouloir oublier.
Mais les souvenirs s’éloignent pour nous abandonner dans les regrets. Le poète
est comme un captif enfermé dans cette fatalité inexorable d’où l’on ne peut
s’échapper. Mais l’oubli semble impossible. On sent le désespoir du poète
devant une réalité qui le laisse passif, pour lui rien n’est plus dur à
supporter que les souvenirs qui nous apportent les regrets.
En nous se trouve la souffrance
Et à chacun sa pitance
Personne n’est épargné.A chacun sa providence
Moi c’est la part de l’errance
Qui m’est sûrement destinée. [...]
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Rien ne peut
soulager la douleur du poète puisque la souffrance se trouve en l’homme, c’est
sa destinée. On sent la lassitude, le désarroi du poète. Comme si l’homme se
nourrissait de souffrances " à chacun sa pitance ". Le poète
puisqu’incompris est condamné à " l’errance ". Il y a comme une
résignation de la part du poète. Mais Brahim Saci sait
que l’errance lui permet d’aborder des rives lointaines qui favorisent la
création poétique. Mais en même temps Brahim Saci est bouleversé car il n’a pas
prise sur les événements. Il ne peut rien y changer puisque c’est le destin qui
semble mener le jeu. Brahim Saci est très présent dans ce poème, comme dans
tous ses poèmes, où s’exprime son expérience personnelle qui témoigne des joies
et souffrances de l’existence. Le poète est sensible au caractère transitoire
de la vie, à la fuite inéluctable du temps.
Joies amères
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J’aime la joie comme tout le monde
Mais les plaisirs me viennent amers
Dans mon coeur l’orage gronde
Mon esprit vogue sur les mers. [...]
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Bien qu’il
apprécie le monde pour ce qu’il peut apporter de joies, le poète ne peut
ressentir que de la mélancolie face à ce même monde car il en perçoit tous les
mystères. Il sait bien qu’à chaque médaille son revers et que ces joies sont
fatalement accompagnées de souffrances qui épargnent encore moins le poète
puisque c’est d’elles qu’il puise sa créativité. La quête de l’absolu rend
l’existence difficile à vivre, le remède du divertissement est sans effet sur
le poète, " les plaisirs amers ". C’est l’ennui philosophique de
Pascal (1623-1662) et de Baudelaire devant la fuite du temps. Le poète s’expose
aux déceptions et aux échecs ce qui l’amène à prendre l’existence en dégoût.
Dans ce monde illusoire le poète aspire à un monde meilleur, ainsi l’esprit
s’évade, il y a une invitation au voyage, mais l’orage qui gronde annonce la
tempête, ce qui rend le voyage périlleux.
C’est les blessures des années
Qui me laissent seul dans la nuit
Je passe ma vie à errer
Dans Paris sous la pluie. [...]
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Paris, ville
chère à Brahim Saci, comme elle le fut pour Baudelaire et Apollinaire. Brahim
Saci évoque sa solitude dans la ville. La nuit est le royaume du poète, c’est
le refuge des âmes perdues.
Mes rêves brûlent dans Paris
Battus par l’épais brouillard
Mon ciel est toujours gris
Voyez le soleil est rare! [...]
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Le ciel de
Brahim Saci est un peu comme celui de Paris, gris, couvert et orageux, mais le
mauvais temps n’empêche pas les rêves de brûler. On a l’impression que le ciel
de Brahim Saci est lié à celui de la ville, " le soleil est rare ".
Il prend les gens à témoin comme par détresse, " voyez ".
L’exil me laisse sans abri
En proie aux quatre vents
Dans Paris s’élèvent mes cris
Courbé sous le poids des ans. [...]
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Le temps se
déchaîne à présent sur le poète, et son exil intérieur le laisse sans repère.
Les appels sont couverts par " les quatre vents ". En toutes saisons
les cris de Brahim Saci demeurent sans écho.
Personne ne peut fuir ses peines
Une part nous attend un jour
A sa guise le destin nous mène
Nous aurons tous notre tour. [...]
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Brahim Saci
a une vision fataliste de la vie. Mais si nous subissons les souffrances, il
sait très bien qu’après l’orage vient toujours le beau temps, arrive toujours
un jour meilleur, même si nous ne sommes pas maîtres de notre destin.
La Colombe
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Une colombe s’est envolée
Avec elle mes espoirs
Et la nuit vient de tomber
Je m’exile seul dans le noir. [...]
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La colombe
représente plusieurs symboles. Tour à tour emblème de la douceur, de la pureté
et de la paix, la colombe de ce quatrain pourrait tout aussi bien symboliser un
amour perdu ou la liberté. Quoi qu’il en soit, elle semble s’apparenter à la
lumière et à l’espoir. En effet, avec elle s’en vont à la fois les espoirs et
le soleil, et son départ provoque chez le poète l’apparition des ténèbres (
" noir "), le poussant à un exil intérieur comme si elle représentait
une source de vie et une force créatrice.
Tu t’amuses à me narguer
O colombe capricieuse!
Tu sais que mes ailes sont mouillées
Mes pensées sont ténébreuses. [...]
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Brahim Saci
tutoie la colombe, elle semble proche et pourtant si lointaine. La colombe qui
symbolise ici la liberté se joue du poète qui reste impuissant. Il semble qu’il
soit retenu prisonnier par un élément intérieur, des entraves invisibles,
peut-être par ses souffrances internes. Cette situation désespère le poète
puisqu’il ne peut voler " mes ailes sont mouillées ", le désespoir le
plonge dans les ténèbres.
Les soucis qui creusent mon âme
Obscurcissent mes pensées
Les nuits cruelles m’enflamment
Et je peine à respirer. [...]
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Comme une
petite mort, le sentiment de privation de liberté semble étouffer le poète peu
à peu. Son esprit ne connaît aucun repos. Comme si le poids de l’existence
l’empêchait de respirer. Le feu créateur devient ici destructeur.
O colombe tu t’amuses!
Tu voles dans la liberté
Même si tu planes tu ruses
Gare aux vents qui peuvent souffler! [...]
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Le poète
prend ce qui lui arrive pour la fatalité et le destin, mais il sait que les
situations peuvent changer. Ainsi il met en garde la colombe qui dans son
insouciance ne voit pas les dangers qui la guettent, " gare aux vents
".
Si l’espérance est partie
Le soleil se lèvera bien
Quand bien même tombe la nuit
Il y aura toujours un matin. [...]
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Brahim Saci
achève tout de même son poème sur une note d’espoir marquée par l’opposition du
jour et de la nuit, et le triomphe du soleil sur les ténèbres. Même si le
désespoir est présent, un jour nouveau est toujours une lueur d’espoir, "
il y aura toujours un matin ".
Dans le cinquième album (1997), L’Aube des adieux , nous sommes dès le départ
interpellés par le titre, " l’aube " s’oppose à " adieux ".
L’aube c’est la première lueur du soleil levant qui commence à blanchir à
l’horizon, l’aube précède l’aurore. L’adieu est une fin, s’oppose à au revoir,
c’est un désespoir, c’est la nuit. Mais malgré tout, demeure l’espoir car après
la nuit revient l’aube. C’est aussi le déchirement intérieur du poète face à
une réalité étouffante.
Les regrets
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Je ne suis que l’onde qui passe
On peut y voir son reflet
Mais mon espérance est lasse
Elle a bu trop de regrets. [...]
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C’est un
poème intemporel qui représente assez bien Brahim Saci. Nous sommes ici
confrontés à un élément terrestre au travers de l’onde. L’eau est un élément de
pureté grâce auquel comme un miroir on peut voir son propre reflet, c’est le
reflet de la vérité pour celui qui sait regarder. Dans ce quatrain on ressent
très bien la lassitude et l’impuissance du poète face au temps qui passe
inexorablement et qui nous apporte son lot de joies et de souffrances. Selon
Brahim Saci, nous portons la Vérité en nous, mais il faut un coeur pur comme
celui du poète pour la voir et la comprendre car elle prend parfois des chemins
détournés pour parvenir jusqu’à nous. La Vérité est le miroir de l’âme. En
communion avec la nature, le poète peut la comprendre et communiquer avec elle
au travers de son art. En proie aux ténèbres, Brahim Saci cherche en vain le
soleil. Comme le mensonge fait autorité, il sait que les ténèbres ne peuvent
que régner pour l’instant.
Mes rêves restent sur les routes
Là où se perdent mes pas
La nuit les étoiles m’écoutent
Le soleil ne m’entend pas. [...]
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On constate
une perte de repères temporels avec l’opposition entre la nuit, les étoiles et
le soleil. Le poète a semé sur son chemin des petits bouts de lui-même comme
pour laisser une trace de son passage. Mais tout cela au fond lui est égal car
son âme de poète survivra à tout. Etre privilégié entre tous, le poète jette
sur le monde avec lequel il vit un regard profond. Cette quête du créateur à la
recherche de son être propre débouche sur l’investigation de zones inconnues et
fabuleuses du véritable moi. Ce thème se retrouve chez des poètes comme
Rimbaud, Apollinaire, Si Mohand ou Mhand et Slimane Azem.
Que deviennent ces fleurs des champs?
Que je cueillais dans ma jeunesse
Moi j’aime toujours le printemps
C’est le temps qui nous délaisse. [...]
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Nous avons
encore ici évoqué le thème de la fuite du temps, thème fréquent dans la poésie.
Alphonse de
Lamartine (1790-1869) écrivait :
" O temps! suspends ton vol; et vous, heures propices!
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive;
Il coule, et nous passons! "
Alfred de
Musset (1810-1857) écrivait :
" Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l’hirondelle,
Et la vie et les jours perdus;
Tout s’en va comme la fumée,
L’espérance et la renommée. "
Il y a dans
le quatrain de Brahim Saci l’expression d’une profonde mélancolie, de regrets
et de nostalgie. Les amours passés sont évoqués avec nostalgie, avec un
caractère désespéré. L’interrogation se fait sur un ton de regret, il y a une
envie de retrouver un souvenir, une jeunesse perdue, tout en sachant que dans
la course du temps on ne peut pas revenir en arrière. La lassitude du poète
devant le temps qui passe est très bien exprimée.
O je rêve de m’évader!
Te retrouver ô jeunesse!
Alors vers d’autres ports j’irais
Pour que mes étoiles renaissent. [...]
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Espoir de
retrouver le passé et de s’évader vers d’autres horizons lointains et peut-être
meilleurs. Mais tout cela est impossible au poète qui a besoin de vivre sa
solitude dans la ville pour que son feu créateur renaisse à chaque fois de ses
cendres. C’est la nuit que le poète vit car il écoute la ville et les étoiles,
il est en communion avec la nature et son désir d’évasion est imaginaire car le
poète doit vivre tel qu’il vit pour comprendre le monde et le faire comprendre
aux autres.
Si je reste parmi vous
Je brûlerai à petit feu
Vous êtes presque tous des loups
Vous noircissez vous aïeux. [...]
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Dans ce
quatrain Brahim Saci évoque l’Algérie, son pays natal. C’est toujours avec
nostalgie qu’il en parle mais aussi avec regret. En effet, dans sa lutte pour
la survie culturelle et identitaire, l’Algérie rencontre de nombreux obstacles,
elle en paie lourdement le prix. Mais l’opiniâtreté de son peuple dans son
combat permettra à la lumière de vaincre les ténèbres, à la liberté et à la
démocratie de triompher des " loups ". Le poète évoque la possibilité
d’une évasion, mais il se sait condamné à brûler " à petit feu ", la
fuite reste dans l’imaginaire du poète.
La trahison
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C’est dans les rues de la vie
De l’Algérie à Paris
Qu’il a semé l’espoirC’est au son d’une mélodie
Bercée dans la Kabylie
Qu’il a gravé la mémoire. [...]
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Ce poème est
dédié à Slimane Azem. Slimane Azem reste éternel, il reste un modèle, un
exemple et un souffle d’espoir pour l’Algérie d’aujourd’hui et de demain. Ses
chansons demeurent une source d’inspiration pour les artistes contemporains car
elles font aujourd’hui partie du patrimoine culturel de l’Algérie et de la
Kabylie. Le titre " La trahison " nous interpelle avec force, c’est
ici la Vérité trahie par le Mensonge. La Vérité c’est l’identité ancestrale
amazighe plusieurs fois millénaire. Le Mensonge c’est l’identité arabe qu’on a
essayé de greffer après l’indépendance à l’Algérie entière, en usant de la
force et de tout autre stratagème pour effacer la réalité amazighe. " La
trahison ", c’est aussi un clin d’oeil à ceux qui ont trahi les espoirs du
Congrès de la Soumame, lequel voulait une Algérie démocratique. Dans le premier
tercet, " les rues de la vie " est une métaphore qui évoque
l’expérience personnelle du poète. Nous avons ici évoqué Paris, une ville chère
à Brahim Saci où Slimane Azem a beaucoup chanté. On remarque que " l’Algérie
" est le point de départ et " Paris " le point d’arrivée. Nous
constatons qu’il n’y a pas de retour possible, ce qui exprime bien le drame de
l’exil. Mais le dernier vers du tercet atténue la chute tragique car dans le
voyage sans retour, le poète est le semeur " d’espoir ". Dans le
deuxième tercet, Brahim Saci fait allusion au folklore kabyle, au terroir d’où
la musique kabyle prend sa source. Le poète nous fait comprendre la nécessité
de préserver les traditions pour perpétuer la mémoire de la culture amazighe.
Même s’il fut trahi
Sans rancune et sans mépris
Il nous a tant fait rêver.Ce fut l’espoir de sa vie
C’est l’espoir d’un pays
L’espoir d’une liberté. [...]
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Slimane Azem
fut trahi par les siens, abandonné de tous il est mort en exil en 1983. C’était
un poète philosophe, visionnaire, auquel Brahim Saci voue une admiration sans
limite, c’est pour lui un maître vénéré. Véritable symbole pour la Kabylie,
Slimane Azem a sacrifié sa vie pour identité amazighe. C’est un modèle
d’humilité et de courage qui malgré les obstacles et les souffrances d’un exil
forcé, a lutté jusqu’à sa mort pour la cause dont il avait fait sa vie.,
l’espoir d’une Algérie démocratique dans son identité amazighe.
Vagabond sur les chemins
Seul, sa guitare à la main
Dans les ruelles de Paris.Il chantait quelques refrains
Pour l’espoir d’un lendemain
O folklore de Kabylie! [...]
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Ces deux
tercets soulignent la simplicité du poète, "quelques refrains", qui n’a
pour seule richesse que son Art, " seul, sa guitare à la main ". Le
poète n’est qu’un " vagabond ", un bohème, empruntant parfois des
chemins étroits, " ruelles ", pour pouvoir s’exprimer et de surcroît
malgré les difficultés chanter " l’espoir d’un lendemain " meilleur.
"Paris" symbolise ici l’exil et la difficulté de vivre dans un pays
étranger. Difficulté d’autant plus grande pour un artiste à l’esprit libre qui
ne fait pas partie des " bien pensants ". Même loin de chez lui le
poète exprime avec force le besoin indispensable de préserver ses traditions.
Même si l’exil l’a banni
Pour l’amour de sa Patrie
Il a gardé l’espoir.Il disait soyez unis
Vous réussirez vos vies
Vous garderez la mémoire. [...]
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On constate
que le poète est banni par deux fois car l’exil est déjà un bannissement en
soi. On devine très bien combien fut la souffrance de Slimane Azem banni
injustement par l’obscurantisme de son pays, se retrouvant en France banni une
deuxième fois. Mis à l’écart, retranché dans sa solitude, seul " l’amour
de sa Patrie " et l’espoir d’un retour imaginaire l’ont empêché de
sombrer. Malgré les blessures il était le moraliste, le sage guidant ses
compatriotes vers un avenir meilleur, vers la fraternité, l’union, conditions
pour évoluer et réussir sa vie. Ainsi la mémoire de la culture amazighe sera
préservée.
C’est sur les chemins de l’art
Qu’il a semé l’espoir
Avec les couleurs des saisonsComme cet oiseau rare
Qu’on a trahi sans savoir
Qu’on a trahi sans raison. [...]
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La vie de
Slimane Azem fut consacrée à l’art. Il a su insuffler l’espoir à ses
compatriotes. Cet espoir est un peu comme les couleurs vives que l’on retrouve
dans les tableaux ou dans la nature lorsqu’elle est en fleur et pleine de vie.
Il a su transmettre joies et espoir à ses compatriotes tout au long de sa vie.
Dans le deuxième tercet, le poète est assimilé à l’exception au travers du
symbolisme de " l’oiseau rare ". Ce qui est rare doit être protégé,
mais ce ne fut malheureusement pas le cas de Slimane Azem qui fut trahi par les
siens, et condamné à un exil forcé par les autorités algériennes de l’époque.
Maintenant il faut protéger son oeuvre.
O montagnes de Kabylie!
C’est pour vous que j’écris
Avec une note d’espérance.Si je meurs demeurent mes cris
Sous le vent ou la pluie
Ils effaceront vos souffrances.
|
On assiste ici à une projection dans le temps et à une identification de Brahim
Saci à Slimane Azem. Il a la vision d’une même fin, mais contrairement à
Slimane Azem, il s’agit d’un exil volontaire. Brahim Saci sait très bien que sa
vie s’achèvera loin de son pays natal. Il cultive un espoir imaginaire, qu’il
sème sur son chemin au travers de ses chansons. Le poète termine son poème sur
une note d’espérance car le sacrifice n’est pas inutile. Mieux vaut que le
poète souffre pour les autres afin d’effacer leur souffrance. Donc, ceci est
fait dans un but de bien-être pour les autres, pour le bonheur des berbères et
la reconnaissance de la culture amazighe. Brahim Saci est prêt à tout, même à
affronter la mort, qui ne lui fait pas peur, pourvu que son sacrifice ne soit
pas inutile.
Jean de La
Fontaine (1621-1695) écrivait:
" La mort ne surprend point le sage:
Il est toujours prêt à partir. "
Victor Hugo
(1802-1885) écrivait:
" Ne dites pas mourir. Dites naître. "
François Coppée
(1842-1908) écrivait:
" Le cercueil du poète était jonché de roses...
La tombe du despote était pleine de sang. "
Pour Brahim
Saci la poésie va de pair avec la musique, il sait que toute rupture avec le
passé serait dramatique, c’est pour cela qu’il ne cesse de se référer aux
grands poètes du passé, comme Si Mohand ou Mhand, Slimane Azem et Cheik Mohand
ou Lhocine (1830-1901). Dans notre époque qui vit en accéléré, la poésie se
vend mal. Mais Brahim Saci continue à suivre sa voie de poète, donnant plus d’importance
à la rime qu’au rythme.
Commentaire et analyse, V.Thibert
(universitaire), Paris 2002.
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L’auteur de « Fleurs Aux Épines » s'inscrit dans la lignée de Charles Baudelaire dans son fameux recueil « Les Fleurs du Mal »
Lire
le recueil : « Fleurs Aux Épines » : une illustration des plus beaux
poèmes par Brahim Saci, Les Édition Du Net, Paris 2016.
Thème : Poèmes d'amour
L’auteur Brahim Saci et les femmes
Variations sur « Fleurs Aux épines », version Brahim Saci
Brahim Saci en immersion dans la beauté de la nature.
Les
dieux de la nature se sont réunis un jour et ont décidé de créer un
joyau précieux pour le pur plaisir des yeux des déesses. Dans chaque
poème, voire strophe, les hôtes du panthéon descendaient se repaître les
yeux de ce bel objet brillant de tous les éclats des pierreries ; et un
oracle devait le célébrer solennellement en proclamant : « En harmonie
avec cette nature, loin des ombres » vers 3, p.39. Ainsi est né cet
objet tombé des mains des dieux pour le plus grand bonheur, son nom est
Amour, qui a mérité le titre de « Fleurs Aux épines » à cause de ses
richesses naturelles, de ses vertus et aussi de ses paysages.
C'est
un royaume de rêve où il fait bon rêver de vivre. La vie pour Brahim
Saci y est pour quelque chose qu'on célèbre sur la lyre du musicien, et
le luth du poète inspiré. La poésie y est aussi naturelle à Brahim Saci
que le chant à l'oiseau. Pour s’en convaincre, il faut se référer au
premier poème intitulé « L’Étoile » p. 11, « Ma belle étoile. Qui m’aide
à voir la nuit. Mais les ténèbres ont tissé leur toile. J’avance sans
savoir où je suis ». Ce quatrain est un guide, un voyeur de chemin qu'on
prenait pour des muses. Brahim Saci vit pour le plaisir de vivre et
pour célébrer la vie. Car il est heureux et ne chantent pas la guerre,
mais plutôt la paix et l’amour. La beauté de la nature le lui rend bien.
Cette étoile descend dans les arènes, havre de paix des poètes.
I-Place de la femme et de l’amour.
La
femme occupe une place prépondérante dans la production poétique de
Brahim Saci. Notre Auteur est allé jusqu'à considérer toute sa poésie,
ou presque, comme un hymne à la femme. On n'en est pas loin en tout cas.
À l’analyse du recueil, nous remarquons plusieurs figures de femmes.
Elles sont dénombrées par un style de haute qualité ; c'est le cas pour
ce recueil notre objet d'études ; Rolland Barthes, a utilisé
l'expression « Les images » dans son ouvrage : Fragments d’un discours
amoureux, Éditions Du Seuil, Paris, p. 157 : « L’mage est péremptoire,
elle a toujours le dernier mot ; aucune connaissance ne peut la
contredire, l’aménager, la subtiliser ».
En
cela, l'auteur du fameux recueil « Fleurs Aux Épines » s'inscrit dans
la filiation de Charles Baudelaire qui lui aussi a fait montre de la
même propension à privilégier des figures féminines comme source
d'inspiration poétique. De plus chez notre auteur, Brahim Saci, on a
observé un traitement lexical littéraire des femmes bien fourni, d'abord
sur le plan de la conception de la femme en général, et ensuite celui
des rapports idylliques tournés vers le plaisir de séduction. Ce sont
donc les deux points que nous allons développer dans notre deuxième
point.
2-Nature et caractère des relations de séduction.
Généralement
les rapports femme-homme et ce, depuis la nuit des temps, sont de
nature sentimentale, auxquelles Brahim Saci a attribué trois
caractéristiques que nous pouvons qualifier de moderne et très élégante à
l’égard de la gente féminine. Nous ne nous gênerons pas à le dire qu’il
s’agit bel et bien d’un honneur à la femme. Ces caractéristiques sont
successivement. D'abord ; elles sont strictement épistolaires. Pour
justifier le propos, nous nous constations que l’auteur de « Fleurs Aux
Épines » est un recueil de poésie, écrit par un poète et cela justifie
la formule de Gustave Flaubert dans sa correspondance avec Louise Colet :
« Je suis né lyrique et j’écris des vers », pourtant cette fameuse
Louis Colet n’était qu’une muse pour Gustave Flaubert.
Nous
retrouvons une ressemblance à cet esprit créatif dans le quatrain
suivant ; « Qu’est devenue la fille du conservatoire ? Tu étais la plus
jolie fleur de mon jardin Que le soleil chaque jour va voir Après avoir
chanté et purifié l’eau du Jourdain » (p.63) ; ensuite, en titre d'un
paragraphe, Brahim Saci nous apprend que nous sommes incapables de
saisir le temps au moment opportun. Ces temps hantent nos esprits comme
dans ce vers du troisième quatrain : « Je rêve je sais mais la vie
n’est-elle pas un rêve ? (p.70) ; Donc des relations aux fonctions et
objectifs sentimentaux ; enfin, l’auteur a pointé la recherche effrénée
du plaisir de vivre le bonheur, car le bonheur c’est le présent : «
Profitez de chaque souffle libérez votre esprit De la prison des
apparences, du superflu, asservi Allez vers la lumière vous éviterez les
loups » vers 2 (p. 86)).
Donc
les observations ci-dessus montre à l'envi qu'il y a une obsession chez
le poète pour le rapport sensuel et sentimental qui induisent une
vision de la femme perçue non seulement comme un corps sensuel et
sensible mais aussi comme un genre homme/femme à l'exclusion des
plaisirs (de l'âme), et spirituels (venant de l'esprit) Ces dernières
remarques seront reprises dans des considérations futures notamment dans
le thème suivant où il sera question de la conception de la femme dans
ce recueil.
3-La construction du genre dans « Fleurs Aux Épines ».
Les
textes littéraires et poétique véhiculent des représentations de genre
(au sens de gender) qu’ils contribuent aussi, dialectiquement à
construire ; nous explorerons brièvement la manière dont l’ouvrage «
Fleurs Aux Épines » intègrent ou transgressent les définitions binaires
du genre
La femme comme corps.
De
tout ce qui précède, nous précisons que l’évocation des différentes
parties du corps de la femme aimée n’est pas une simple description,
elle est une célébration de la beauté. Le poète amoureux donne à voir, à
désirer par une description poétique et cela produit un effet
sensationnel pour la rhétorique du lecteur modèle. C'est ce que nous
donne à lire Brahim Saci dans son ouvrage « Fleurs Aux Épines », force
est de constater dans ce titre qui est évocateur. Fleurs, une métaphore
qui nous renvoie à la femme, à son corps et plus précisément à son
image.
La
variation de ce corps ne réside pas seulement dans le traitement de
l’association des images de femmes mais aussi dans le choix des
vocables, adjectifs, substantifs ou formes verbales : « Je ferme les
yeux pour voir Tes doigts de fée caresse les cordes de la guitare Et
sentir cette douce brise venant de Lisieux » vers 1 (p.118). Ici Brahim
Saci multiplie les mélioratifs parce que, à la base, ces mélioratifs
sont supposés à la fois la tendresse amoureuse et surtout une partie du
corps de la femme aimée, en l’occurrence les doigts… disant : « La
recherche effrénée du plaisir ». Ce parti pris amène à toute une
esthétique du corps féminin, objet de tous les soins et les apprêts pour
le mettre en valeur afin d'être, finalement, le procédé rhétorique du
corps féminin permet à la fois une unification et une variation dans la
structure du poème de Brahim Saci.
Ce
qui domine chez toutes ces femmes c'est la beauté plastique, le charme
physique et le désir érotique qu'elles suscitent chez le poète. Et c'est
tout ce qui intéresse le poète. C'est ce qui fait dire à travers ses
textes : « Enfin l’éclaircie tant attendue Il était temps de quitter ces
contés brumeuses » vers 1 (p.37). Sur ce point, le chemin du poète
romantique Kabyle croise celui de l'auteur de « Les Fleurs du mal » qui a
fait la part belle à l'amour sensuel. Les deux ont dû s'entendre pour
établir un rapport, prouvé ou non, entre les créatures d’Eve et le Mal
auquel s'oppose chez l'un comme chez l'autre, un pôle du Bien féminin.
C'est notre prochain thème d'études.
Les deux genres de femmes chez l’auteur Brahim Saci.
Le
poète romantique Kabyle a placé les femmes dans deux différentes
catégories : celles qui sont du côté solaire du Bien, et celles qui
relèvent du monde ténébreux du Mal.
Dans
le premier groupe on trouve les femmes idéales qu'il a littéralement
vénérées dont deux figures importantes sont celles qu’il revoit toujours
dans ses rêves comme une déesse et dans le second groupe, on rencontre
des femmes qualifiées de méchante, de briseuse de cœurs qui l’aimait
juste pour le faire souffrir, sur ce point, le vers suivant en dit long :
« Oh cœur blessé, meurtri pour avoir aimé Et côtoyé ces roses aux
épines, ces fleurs du mal » vers 1 (p.49). Ici les notions de « Bien »
et de « Mal » ont une valeur toute littéraire dont le sens tranche
fondamentalement avec le sens commun et habituel.
Mokrane Maameri
Universitaire
Le 09 novembre 2002
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"Lire
le recueil de poésie: "J’ai Trouvé L’Amour à Paris" : un recueil des
plus beaux poèmes de l’humanité » par Brahim Saci, Édition du Net, Paris
2019.
Analyse thématique
Thème : « Poèmes d'amour »
Amour vécu
Causes des échecs amoureux d'après Brahim Saci.
«
Les vents du passé » p;34. Le texte met à contribution les trois
dimensions temporelles de l'être qui en font une personne complète. Le
poète, pour sa part, a décidé de faire passer en revue des souvenirs, à
savoir le passé, pour s'en tenir au « présent » ; mais décision qu'il
justifie en fournissant les raisons. Ainsi le poème développe les trois
arguments qui sous-tendent les préférences du poète : un, qui dit
pourquoi le passé est la dimension temporelle préférée ; et les deux
autres qui expliquent la souffrance liée à la séparation, voire même le
rejet du « présent » et du futur » Notre travail d'analyse suivra la
même chronologie, dans une première partie, à laquelle nous adjoindrons
une seconde qui tirera les conséquences logiques du choix du poète.
1-La décision du poète.
Il
a pris la décision de bâtir sa vie autour du « temps passé » tout en
essayant de faire table rase des deux autres dimensions que sont « le
présent » et « l'avenir » C'est ce qu'il soutient dans les quatre
premiers vers du poème en écrivant, Où-est-elle : « J’erre je l’appelle
où-est-elle? / Prisonnière de l’enfer loin du ciel / Le crépitement du
feu t’empêche d’entendre l’amour< Les désirs du monde t’éloignent des
heureux jours », (vers 1, 2, 3, 4), p. 35.
Plus
loin, le poète se fait encore plus explicite dans le poème Les regrets
de L’amour en mettant l'accent sur la même idée en ces termes : « Nous
glorifions le passé pour ne pas avoir le présent » (vers 1), p ; 43.
Pour ces dimensions temporelles, le poète fournit des arguments soit
pour aimer le « présent » ou abhorrer le passé et le futur. Commençons
avec la préférence du temps présent »
2-Raisons pour aimer le présent.
Le
poète a choisi de vivre dans un temps présent pour plusieurs raisons
que nous déduisons de ce qu'il en dit explicitement et implicitement.
D'abord nous croyons avoir une première justification dans le poème
L’Amour peut renaitre où il met l’accent sur l’espoir malgré tout : »Je
t’imagine comme un éclair à travers les nuages », « Mais je sais que
l’amour peut renaitre vainqueur » (vers 1 et 16), p ; 49. Dans cette
affirmation, nous constatons la réalisation du désir de vivre et de
concrétiser. C'est donc que le présent est le temps du possible, du
réel, de la capacité, de la matérialisation actée et de l’espoir.
Ensuite,
dans le poème : Le passé a remplacé le présent, p ; 93, nous croyons
avoir débusqué une autre justification, à savoir <Les jours passent
péniblement sans toi /Comme par miracle je vis au passé à tes côtés / Le
présent m’est égal chaque jour m’est amère » (vers 1, 9 et 10) p ; 93.
Il semblerait ici que « le temps présent » est celui de la sensation
retrouvé, de l’envie de vivre, en dépit de la souffrance. Cela rend plus
effectif ses derniers vers qui requiert la présence des amants
protagonistes.
Ébauche
de théorisation ou de conceptualisation du temps présent. Après les
actes du temps présent cités ci-dessus, le poète se livre à des
tentatives de représentation sous forme de figures de styles et de
l’espace :
La
première tentative se trouve dans le poème Apollon et Cupidon, p ; 13 ;
Le poète s’écarte de l’usage ordinaire de la langue pour donner une
expressivité particulière au propos. On parle également de figure de
rhétorique ou de figure du discours. Si certains auteurs établissent des
distinctions dans la portée des deux expressions, notre auteur en fait
l’usage tout en recourant à des synonymes, Par exemple: « Je ne
reconnais ni tes yeux ni ton visage » (vers 1), . Dans la méthodologie
grec Apollon se prenait comme étant le seul dieu. Il est dieu du chant,
de la musique et de la poésie. Il est également dieu des purifications
et de la guérison, Donc il est capable de divination, et possède un
oracle, « J’essaie de puiser des couleurs dans la nature » vers 5 de la
même page. Le poète dépeint un univers pour retrouver sa muse.
Ces
vers montrent que la métaphore et la rhétorique poétique sont la raison
d’être de notre poète puisqu’on les retrouve à la page 98 dans le poème
intitulé J’ai apprivoisé le Zéphyr « J’ai apprivoisé le zéphyr pour
qu’il me ramène » / « Attablé au bar ″Aux marronniers" rue des Pyrénées
», (vers 1 et 9), juste pour à la fois souligner leur importance et leur
contenu comme explication sur le choix de la métaphore.
Donc,
après un examen minutieux, nous croyons pouvoir dire que "la figure de
style" n’est pas seulement celui de l’anaphore théorisée par Gérard
Genette mais aussi de la métaphore, théorie, semble-il chère à notre
poète. Une poétique de la positivité en ce sens que les désirs et les
rêves se réalisent à la grande satisfaction des amants pour espérer le
bonheur. Le poète, bien que le bonheur figure dans son texte comme « Par
un heureux hasard ce soir » (vers 1) du poème J’ai retrouvé Stéphanie »
p ; 100, il peut compter sur la bienveillance d'une nature amicale et
accueillante.
Raisons
d'abhorrer le passé, le présent et les figures de styles. Le poète ne
fait pas mystère de son grand enthousiasme de « l’espace » qui l'obsède,
qui n'est donc pas un hasard de circonstance. L’espace est omniprésent
dans l’ouvrage de Brahim Saci. Pourquoi donc ? C'est parce que selon
Bertrand Westphal auteur de l’ouvrage : La Géocritique. Réel, fiction,
espace, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2009 : l’espace
en littérature et donc en poésie est défini comme une « poétique dont
l’objet serait non pas l’examen des représentations de l’espace en
littérature, mais plutôt celui des interactions entre espaces humains et
littérature.
Brahim
Saci a fait l'hypothèse que l’espace serait source de souvenirs tant
agréables tantôt désagréables susceptibles, du moins une existence dans
le présent. C'est d'abord ce qu'il a envisagé d’emblée à travers le
titre de son ouvrage J’ai trouvé L’amour à Paris , Paris, ville lumière
et des philosophes des lumières. Ville où vit le poète, mais aussi ville
meurtrie, évoquant la deuxième guerre mondiale « Paris se souvient
Berlin aussi », comme du poète de Berlin mais de façon herméneutique «
Et les études au conservatoire de Berlin » (vers, 4 et 6), p ; 131.
Son
rapport à l’espace est très important, « Souviens-toi du bonheur entre
Paris et Lisieux », « Entre Paris la Normandie et la Kabylie » (vers 1,
5) dans le poème Cet Ange de Lisieux, p ; 12, sachant que le poète est
né en Kabylie avant de joindre son père en France alors âgé de 11 ans.
Ensuite, il a fait l'hypothèse suivante : « Ménilmontant se souvient
rien n’existait à part nous deux » (vers 1), p ; 130, « Mes pensées
courent vers cette beauté africaine » (vers 5), p ; 105, ou encore « Ô
chevelure couleur d’ébène parfum de Tunisie » (vers 3) p ; 44.
Raisons
pour écrire et chanter l’amour. Le poète se fait sa propre opinion à
travers ce texte poétiquement dépeint de la hauteur d’esprit et ce, à
cause de son propre vécu. Baigné d’amour et de l’affection. Il voue un
respect aux gens, à la nature et à la beauté, c'est-à-dire un humaniste
convaincu qui rejette toute forme de haine L’Amour, avec un grand A est
omniprésent dans ses textes. S'il est généralement admis comme axiome
que l'homme normal est un être bon, cela est confirmé dans ce recueil de
poésie, en le parcourant de la première à la dernière page. Notre poète
d’origine Kabyle manie la verve du mot ″ahdadh Bawal″ dit-on en
Kabylie. Un vrai poète. À lire absolument, un livre accessible à toutes
et à tous du monde francophone et français.
Mokrane Maameri
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Lire le recueil de poèmes : « Les Voiles du temps » par Brahim Saci, Éditions du Net, Paris, 2020.
I-Le didactisme d’une œuvre comme thématique
1-La pédagogie du vécu : école de la vie
Le contenant et le contenu. Ce texte aborde plusieurs thématique ou problématiques du point de vue et pour le meilleur intérêt d’une œuvre littéraire. Alors commençons par le contenu
A- Le contenu du texte.
a) -La discrimination annoncée.
Le recueil a évoqué à maintes reprises, d'abord sous forme de plainte dans troisième quatrain : « J’ai connu le racisme le mépris » vers 1 (p.13). Ensuite, en incipit, le premier quatrain annonce l’affiche : « On a beau faire. Pour assainir par la poésie la prière. Certaines atmosphères. A tout le monde on ne peut plaire » (Ibid.). Le recours à la poésie comme seul espoir adressé au peuple d’être tolérant et combattre toute sorte de haine. Enfin, on apprendra plus loin que le racisme n’est pas le fait d’un homme ou de l’humanité, comme nous l'a appris le sujet poétique en ces termes : « La politique impose la marche à suivre. Crachant du feu comme la vouivre. Les peuples suivent comme des moutons. Le XXIesiècle a tué la raison », (p.112). Ce poème en dit long que le citoyen lambda n’est pas responsable des maux de la planète.
En effet, ce poème adjoint la science à la critique, dont le champ sémantique regroupe un certain nombre de termes tels « l’argent crée des lobbies » (vers 1), « Le mal s’installe » (v.3), « Vos prisons dorées » (v.5), « Vous détruisez encore » (v.7), « non-sens » (v.9), « La politique » (v.13). Il développe aussi, grâce au jeu des polysémies, un discours sur la poésie que nous verrons plus loin. Ce poème dépasse la simple contestation et tente, dans les meilleurs cas, de se mettre sur le plan d'une certaine réflexion morale de la société. Nous pouvons dire que cela relève de la poésie engagée, puisque le poète tente à travers sa plume de sensibiliser, émouvoir, indigner, toucher, faire réfléchir, aider le lecteur à prendre conscience de certains faits sociaux douloureux, tel que le racisme.
À ce titre, que ce soit dans ses termes ou dans ses moyens, la poésie de Brahim Saci s'avère être l'expression d'une liberté essentielle ; elle participe du dévoilement de l'être profond, par quoi nous pouvons qualifier sa poésie d'espace pourvoyeur de sens et d'espoir.
B- Le contenant du texte.
a) -Mode d'énonciation : discours/récit.
Avant d’aborder la notion de discours/récit, je tiens à préciser que ce recueil de poésie s’annonce comme du genre essai/récit qui nous permet de discerner les sentiments personnels de l’auteur contrairement à l’essai dont sa particularité est de traduire la réflexion de l’auteur sur un sujet quelconque, qui peut par exemple être un sujet politique, historique ou encore scientifique.
Ici, dans notre cas, on trouve le (je) lyrique, il est omniprésent, à commencer par cet album de famille ou le poète Brahim Saci tient à rendre un vibrant hommage à son père : « À la mémoire de mon père, Si Mohand Tahar décédé le 21 mai 2020 à l’âge de 86 ans. Un homme qui a préservé les valeurs humaines millénaires berbères kabyles. Qui a combattu pour la liberté et la dignité de l’Algérie. Il aimait Paris, les arts, la culture, le cinéma, la poésie et le livre. Il aimait me raconter le Paris des années 50 et 60.
Il me manquera toujours, paix à son âme », (Page dédicace). Les deux vocables ont, dans ce contexte, le sens que leur donne le linguiste Émile Benveniste qui en fait les deux catégories fondamentales des énoncés. En effet dans le récit, il s'agit d'un événement narré à la 3e personne auquel le narrateur ne participe pas ; tandis que dans le « discours poétique ou fictionnel », il s'agit des événements rapportés à la 1ère personne (je/nous) auquel le narrateur participe.
Cette entrée en matière nous autorise à affirmer que la préface a pour mode d'énonciation le couple « essai », pour des faits ou souvenirs rapportés parfois à la 3e personne (singulier ou pluriel) ; et le « récit » pour rapporter des faits à la 1ère personne (je/nous lyrique) Illustrons avec des exemples tirés de notre objet d'études.
Récit en poésie.
Dans ce cas de figure, les énoncés sont à la 1ère personne, c'est-à-dire que le narrateur dit « je » et il est partie prenante des événements. Voici deux exemples parmi tant d’autres que contient le recueil, d'abord « J’ai été heureux dans cette ville du savoir. Où se rencontrent les cultures les espoirs. J’ai semé des poèmes, j’ai chanté, j’ai aimé. J’ai été trahi, j’ai ri, j’ai pleuré. » (p.13). Ensuite : « Je sème des vers dans le temps » « Je ne fais que passer » vers 1 et vers 3 du premier quatrain (p.79)
b) -Le registre de l'intime. Les exemples ci-dessus montrent bien que l'énonciateur est partie prenante de l’événement et qu'il vit ou ait vécu ces événements quand bien même ils sont fictionnels par des procédés d'écriture qui est ici l'emploi de la 1ere personne du singulier. Ils sont de l’ordre intime. D'autres procédés sont de l'ordre du lexical, par exemple, c'est l'utilisation du terme « l’actualité » en lieu et place de « il était une fois »
Usage des énoncés.
c)-Actualité/Il était une fois. Il n'est pas indifférent d'utiliser un terme ou un autre, même si les deux veulent dire à peu près la même chose pris dans un contexte familial, en l’occurrence la perte d’un père ou la crise sanitaire du coronavirus pour désigner la génitrice. Il y a donc un lien, car le vocable « actualité » renvoie à l’affective et d'intimité que ne contient pas l'autre terme. En effet, le mot « actualité », philosophiquement parlant est opposé à virtualité, est souvent employé comme appellatif affectueux pour dire ce que l’on ressent, qui pourtant dans le jargon journalistique demeure neutre. Donc le terme dans ce recueil est du registre de l'affectif et de l’intime, qui est celui de notre préface. Il y a deux autres conséquences que nous allons expliciter dans les paragraphes suivants.
d)-Enseignement d’un sage. Nous avons exprimé implicitement le genre de rapports intimes et affectifs du poète Brahim Saci avec son temps et le vécu, qu'il persiste et signe à désigner comme « passeur de message » pour préserver le cachet affectueux des relations humaines, et pour marquer son respect et son amour aux gens et à l’humanité comme dans ce vers 1 « J’ai vécu une belle histoire d’amour » (p.36).
Il y a une autre particularité : c'est la distinction que le sujet poétique semble établir entre sa ville d’adoption et sa ville natal, en se réservant exclusivement le privilège de dire « Kabylie » tout en lui collant « Paris » En tout cas, c'est ce que nous avons cru lire dans ce poème « Un vent de Kabylie vient souvent me rappeler », « Quand le corps peine à Paris » vers 1 et 11, (p.71). Plus loin, le poète partage la perte de son papa avec sa mère, frères et sœurs, mais assume seul la peine « Aujourd’hui je pleure ton absence. Confiné en France. Tu es dans l’éternité avec mon grand-père. A côté de ma grand-mère ». 6equatrains, (p.108). D'autres procédés stylistiques sont ceux de l'emphase, de l'amplification pour à la fois dire l'importance des événements, et aussi l’espérance.
e) -Annonce didactique comme signifiant. L’annonce des programmes ont été démultipliée grâce aux procédés stylistiques utilisés qui permettent d'exprimer la même chose sans verser dans la redondance. Le premier procédé a été d'utiliser une épigraphe comme amorce qui exprime l'essence du texte : « Ce que tu donnes est à toi pour toujours Ce que tu gardes est perdu à jamais » Ce procédé a permis de dire une chose et son contraire dans une phrase et ce, grâce à l'usage de l’antiphrase : « Après l’amour s’installe la haine » vers 1, (p. 28).
En conclusion. On insiste sur l'annonce didactique pour dire l'importance de la vie pour celui qui a émis le faire part ; Le texte semble dire implicitement le bienfondé de ce qu'il exprime explicitement, et cela grâce aux procédés stylistiques. Ainsi c'est ce même énonciateur qui a écrit également « Nous portons sur notre visage ce qu’on a dans le cœur » vers 1, (p.29).
En tout cas, dans le subconscient du narrateur, elle est à même de lui entendre. D'ailleurs en lui adressant des remerciements à rallonge, il a tout fait pour nous tenir en haleine par la magie du langage et du mot. Cette attitude irrationnelle, proche de la pensée magique, répond au dicton Kabyle qui affirme que : « Celui qui désire vraiment faire quelque chose cherche à savoir comment le faire, qui s’y refuse dit : « pas moyen ». Brahim Saci l’a fait avec l’art et la manière !
À lire absolument.
Mokrane Maameri
Universitaire
Le 17 janvier 2020
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